De Nevis aux Grenadines en une semaine

À moins d’un mois de la fin de notre tour des Caraïbes, il était temps de nous diriger vers le Sud afin de visiter les îles que nous n’avions pas encore faites sous la Martinique. Le 20 mars au petit matin, nous avons levé les voiles en faisant cap sur la Guadeloupe.

Nevis – Montserrat

Qui dit 20 mars, dit grande journée pour Arthur, qui a fêté la semaine dernière son trentième anniversaire. Et quelle journée ! Au petit lever du jour, nous avons préparé le bateau au départ et avons quitté Pinneys Beach vers 8h. Un couple que nous avions rencontré la veille avait pris le canal de Nevis un peu plus tôt que nous et nous voyions le mat de leur monocoque bien couché à l’horizon. Pas vraiment hâte de nous y engouffrer, mais bon, nous avions prévu de rejoindre Deshaies en Guadeloupe le soir. Dès l’embouchure du canal, nous avons senti qu’il vaudrait mieux viser Montserrat pour la nuit. Le vent soufflait fort, la mer était agitée et comme nous sommes au ras de l’eau dans le cockpit de Pearly, nous avons rapidement commencé à prendre de bonnes douches à bord. J’ai vite commencé à avoir très froid dehors, donc je suis rentrée me réchauffer un peu dans la cabine pendant qu’Arthur barrait. Mauvaise idée ! À l’intérieur, j’entendais les vagues cogner fort contre la coque, en regardant par le hublot je voyais soit la mer, soit le ciel tant le bateau bougeait et avec la fermeture de la descente, aucun air ne passait dans la couchette. Autant vous dire que je n’ai pas tardé à être malade sans pouvoir trop aider Arthur à la navigation pendant un bon moment. Le pauvre se prenait douche sur douche toutes les cinq minutes dans cette mer agitée. C’est au bout de 9h de navigation, vers 17h, que nous avons approché les côtes de Montserrat. Tout ce temps pour seulement 35 miles nautiques, soit 63 km. Comme nous n’avions pas prévu de nous y arrêter et que nous n’avions pas de réseau sur le chemin, nous nous sommes arrêtés à la première baie que nous avons vue après avoir vérifiée qu’elle était répertoriée comme zone de mouillage.

Le volcan actif de Montserrat à notre arrivée

Nos amis sont arrivés 2h plus tard que nous et nous sommes passés leur rendre visite à bord avant de retourner dîner sur Pearly. Comme nous pensions arriver en Guadeloupe le soir, nous n’avions pas fait de grosses provisions. J’ai préparé un dîner d’anniversaire à Arthur avec les moyens du bord que nous avons dégusté en riant de la journée éprouvante que nous venions de passer. À la fin du dîner, des flashs s’approchaient de nous sur l’eau. Les douaniers se sont mis à côté de notre bateau et nous ont questionné sur notre voyage et notre arrivée. Ils nous ont dit qu’il était interdit de rester dans ce mouillage sans avoir fait de demande au préalable et nous ont dit de monter dans le Nord de l’île où se trouvait le seul mouillage autorisé pour les passagers. Ils nous ont précisé qu’un potentiel passage à terre dans le non respect de la quarantaine imposée à Montserrat nous vaudrait 5 jours de prison. Il était 22h et ils se sont mis à faire le tour des bateaux fraîchement arrivés pour les prier eux aussi de se diriger vers le Nord. Tout ça pour dormir 6h sur l’île et avoir une heure de trajet en plus lors de la descente du lendemain ! Mais bon, nous n’avions pas vraiment le choix. Dans le noir, nous avons longé l’île vers le Nord en mangeant le gâteau d’anniversaire d’Arthur que j’avais acheté la veille et qui était déjà tout sec. On essayait de rire de la situation tout en ne sachant pas ce qui nous attendrait dans le Nord. Une fois arrivés là-bas, nous avons attendu jusqu’à minuit que l’on revienne nous contrôler et nous questionner avant d’être tranquilles. On ne risque pas d’oublier cette journée, qui fut sans doute la plus éprouvante depuis le début du voyage !


Montserrat – Terre de Haut

Le trentenaire prêt à souffler ses bougies

Le lendemain matin, nous avons quitté le mouillage de Little Beach Bay à 7h. Redescendre le long de l’île, dont la vue est assez impressionnante. Au Nord, on aperçoit des habitations et une once de vie, bien que l’île ait l’air peu peuplée. Dès que l’on arrive du côté Sud de Montserrat, le paysage change et devient extrêmement vert, sauvage et hostile. Le volcan se trouvant de ce côté-là de l’île, une forte odeur de souffre se fait sentir jusqu’aux bateaux. Comme il est toujours actif, des nuages de vapeur entourent son sommet dans une scène dramatique. Nous avons malgré tout été contents d’assister à ce spectacle avant de prendre le canal menant vers la Guadeloupe. Pour la première fois depuis environ trois semaines, le temps était beaucoup plus clément. Le vent avait bien baissé et nous avons effectué une traversée du canal très tranquille jusqu’aux côtes de la Basse Terre, la partie Ouest de la Guadeloupe. Là bas, à cause des sommets volcaniques, nous avons passé une bonne heure sans vent et avons dû activer le moteur pour avancer. Une fois approchés de la pointe Sud de la Basse Terre, nous voyions les Saintes. Comme c’était le début de l’après-midi, nous avons fait cap sur Terre de Haut, l’île principale et la plus habitée. J’ai appelé le Café de la Marine, un délicieux petit restaurant au bord de l’eau, depuis le bateau pour y réserver une table pour dîner. Nous avons pris le dernier canal de la journée vers 17h et sommes arrivés au mouillage du bourg une heure plus tard. Il faut savoir qu’il y a souvent beaucoup de monde aux Saintes et qu’il faut souvent tourner en rond quelques fois dans la baie avant de trouver une bouée libre. Sinon, il est possible de se mettre a l’ancre près du Pain de Sucre, ce qui fait une marche plus longue vers le bourg. Nous étions assez loin du ponton et le mouillage était très agité donc c’est avec plaisir que nous avons rapidement quitté Pearly et pris le kayak en direction du Café de la Marine. Sur place, nous avons été très bien servis d’un délicieux repas de poisson et Arthur a eu droit à un vrai dessert d’anniversaire, enfin ! Ensuite, retour sur le bateau et. extinction des feux après une longue, agréable journée de navigation.

Devant le Café de la Marine

Le 22 Mars, réveil en douceur avec un splendide lever de soleil sur Terre de Haut et ses maisons colorées. Nous sommes allés prendre un petit déjeuner dans la crêperie du bourg. Ensuite, nous avons profité d’être à terre pour faire quelques courses pour les deux jours à venir avant de rejoindre la Martinique. J’avais commandé des tourments d’amour à Monette la veille. Vous la connaissez si vous avez lu l’article sur les Saintes (sinon, vous pouvez cliquer ici pour le lire). C’est elle qui fait le mieux ces petits gâteaux typiques des Saintes qui ressemblent à de petites tourtes à la confiture de fruits. Une fois arrivée chez elle pour les récupérer, je me suis rendue compte qu’elle n’avais pas pris note de la commande et que je repartirais les mains vides, mais pas grave, on en trouve à tous les coins de rue aux Saintes. Nous en avons acheté auprès de la dame qui vit dans une maison jaune à l’angle de la place où se trouve l’embarcadère des ferries. Honnêtement, nous les avons trouvé tout aussi délicieux que ceux de Monette, normal étant donné qu’ils ne contiennent que de bonnes choses ! Nous avions enfin tout ce qu’il nous fallait pour reprendre notre descente vers le Sud.


Terre de Haut – Dominique

Coucher de soleil en Dominique

Aux alentours de midi, nous avons levé les voiles en faisant cap sur la Dominique. Après seulement trois heures de traversée assez calme du canal, nous avons rejoint les côtes dominicaines. De nouveau, nous avons manqué de vent sur une bonne partie de la descente. Le temps était de plus en plus clément avec nous et le trajet fût très doux. Nous avons posé l’ancre au mouillage de Salisbury Beach, il s’agit d’une petite plage sous un rocher couvert d’habitations, située à environ mi chemin entre le Nord et le Sud de l’île. Nous étions les seuls à y passer la nuit. Après un bon dîner à bord et un rinçage rapide des affaires qui avaient légèrement pris l’eau en cours de route, nous nous sommes endormis rapidement pour être en forme pour le dernier trajet avant la Martinique.


Dominique – Martinique

En route pour dîner à la Favela

Le matin, nous sommes de nouveau partis rapidement pour arriver le plus tôt possible à Fort de France, où nous avions réservé un hôtel pour les deux nuits que nous allions y passer. Au niveau de Roseau, la capitale dominicaine, nous avons eu une longue coupure de vent. Il nous a fallu en tout environ trois heures pour rejoindre la pointe Sud de l’île depuis Salisbury. Ensuite, nous nous sommes engouffrés dans le canal de la Dominique avec un vent qui avait remonté. Nous avons passé quatre petites heures dans le canal avant d’arriver au niveau de Grand Rivière en Martinique, mais sous le vent. D’abord, le bateau a bien avancé jusqu’au Carbet, jusqu’au Carbet où, comme d’habitude, les Pitons empêchaient de nouveau le vent de passer. Après avoir sorti le moteur et avancé jusqu’à Rivière Pilote, nous avons pu reprendre le trajet à la voile seulement jusqu’à Fort de France. Le vent étant très irrégulier et particulièrement fort ce jour là, il nous a fallu presque deux heures avant de rejoindre le port de Fort de France. Nous avons trouvé une place en première ligne devant des bateaux qui venaient du monde entier (américains, lituaniens, néerlandais…) et y avons posé l’ancre. Ensuite, Arthur rangeait les équipements de navigation pendant que je préparais le sac de lessive et les affaires qu’il nous faudrait pour notre séjour à l’hôtel. Nous étions à une centaine de mètres seulement de la résidence Fort Savane, où nous avons débarqué avec nos sacs et notre kayak. Après une bonne douche à l’eau chaude (le bonheur après cinq jours de traversée !), nous nous sommes promenés sur le bord de mer et avons enchaîné des goûters tardifs dans plusieurs fast food (nous avions le ventre vide depuis le petit-déjeuner). Une heure plus tard, à l’heure du dîner, Arthur est allé chercher des makis au restaurant de Sushis du coin de la rue et nous les avons dégustés depuis le lit de l’hôtel avant de nous endormir très rapidement, épuisés de ces dernières journées de bateau.

La baie de Fort de France

Le lendemain matin, pendant qu’Arthur réparait le moteur sur Pearly, je m’occupais du linge à la laverie de Fort de France. Cette dernière se situe dans une ruelle entre la Tour Simon et le Leader Price de la baie. Nous avons passé le reste de la journée à circuler sur l’île pour trouver ce qu’il nous fallait pour le bateau ainsi que pour réussir à pêcher (car nous n’avions encore rien attrapé à la traîne depuis un mois et demi de navigation!). Le soir, nous avons retrouvé nos amis de Martinique au restaurant La Favela, sur les hauteurs de Fort de France, pour un dîner aux saveurs du Brésil. Le service fût long, mais les plats délicieux. J’y étais déjà allée avec Arthur auparavant et je vous recommande vivement ce petit restaurant en terrasse au dessus de la ville si vous séjournez un jour à Fort de France. Après un bon moment passé ensemble, nous sommes retournés à l’hôtel nous reposer avant la reprise des longs trajets en bateau.


Martinique – Sainte Lucie

Le piton de Sainte Lucie au lever du jour

Au lever du jour, nous nous sommes rapidement levés pour commencer nos dernières missions en Martinique. Après un petit déjeuner en boulangerie, nous avons fait les courses que nous avons déposées à l’hôtel avant de nous rendre au laboratoire pour effectuer nos tests PCR, nécessaires à l’arrivée aux Grenadines. Nous sommes passés rapidement et avons trouvé de quoi déjeuner sur la route. Arrivés à l’hôtel, nous avons repris les courses et toutes nos affaires pour charger le bateau et sommes partis pour Sainte soucis en de ut d’après-midi. Nous avons de nouveau eu droit à de très bonnes conditions de navigation, avec un vent d’une vingtaine de noeuds et une mer plutôt calme. La traversée fût express : moins de 3h de canal et 2h seulement pour descendre jusqu’au mouillage des Pitons. Il faisait nuit quand nous y sommes arrivés, aux alentours de 19h. Dans le noir, nous avons entendu le bruit du moteur d’une annexe s’approcher de nous à toute allure et sans lumière. C’était Saint Lucien qui venait nous proposer d’attraper le corps mort pour nous, mais étant au ras de l’eau à l’avant du bateau nous n’avions pas besoin de son aide. Nous avons fait deux bons tours des lieux avant de trouver une bouée libre. Retour à la routine du soir, douche dans le froid du vent, cuisine à bord, puis bon sommeil jusqu’au lendemain matin.


Sainte Lucie – Saint Vincent

Arthur hissant le joli drapeau de Saint Vincent

Le dernier jour de navigation avant l’arrivée aux Grenadines, nous avons eu les mêmes conditions météo que la veille, ce qui nous a valu un trajet si agréable qu’Arthur a pu lire dans la couchette pendant un bout de temps tandis que je barrais dehors. Nous avons d’abord traversé le canal entre Sainte Lucie et Saint Vincent avant de longer l’île vers le Sud. Le spectacle était assez unique : beaucoup de verdure, une nature très sauvage visible au loin, un volcan imposant et très peu de villes avant la capitale, Kingstown, qui marque le Sud de Saint Vincent. De là, nous avons fait cap sur Bequia, l’île des Grenadines la plus au Nord de l’archipel. Nous nous sommes rapprochés d’Admiral Ty Bay, la zone de mouillage principale de l’île qui borde la ville de Port Elizabeth. Nous avons facilement trouvé une bouée non loin du bord de mer et son propriétaire est rapidement venu nous demander de payer nos nuits d’avance. Il est aussi tout à fait possible de se mettre à l’ancre dans la baie, mais nous avons préféré la sécurité du corps mort. Comme nous sommes arrivés aux alentours de 15h et que les bureaux des douanes étaient fermés, nous avons passé le reste de la journée à bord de Pearly, à discuter avec nos voisins de bateaux et à observer Port Elizabeth.


Dans le prochain article : la découverte d’une douceur de vivre particulière, des livraisons insolites à bord du bateau, des rencontres inattendues, du lobster sur la plage et beaucoup de sport dans des cadres paradisiaques.

3 commentaires sur « De Nevis aux Grenadines en une semaine »

  1. J adore ces récits.. en fait plus les traversées sont mouvementés plus les escales sont appréciés… et les récits amusant…
    Merci
    Anne Sophie tu deviens rapidement un vrai marin Pearly est une belle école bravo

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