La remontée finale

Après deux beaux mois et demi de voyage en bateau, notre périple dans la Caraïbe touchait presque à sa fin. Nous avions effectué la descente de la Martinique à Grenade quelques semaines auparavant, mais nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait à notre retour, et nombreuses furent les surprises !


De Sandy à Island à Petit Saint Vincent

Petite Martinique

Notre retour vers le Nord a débuté un matin à Sandy Island. Après avoir quitté cette petite île de sable blanc et de cocotiers fins, nous sommes retournés à Tyrell Bay sur l’île de Carriacou afin d’effectuer nos formalités de sortie de Grenade. Une fois les documents signés, nous avons levé les voiles en direction de Morpion, une île minuscule au Nord des Grenadines. Nous avons tiré des bords entre Carriacou et Union Island avant de passer au large de Tobago Cays (voir notre article sur les Grenadines). Soudain, un petit rond de sable clair est apparu au milieu de l’eau : Morpion. Nous étions partis en même temps que nos amis Franco-danois et y sommes arrivés au même moment après des stratégies de navigation différentes. En rapprochant nos bateaux de Morpion, eux nous ont dit qu’ils resteraient à l’ancre devant l’îlet pour y déjeuner. Comme nous avions trop peu de chaîne pour nous ancrer dans les fonds au dessus desquels nous nous trouvions et comme la mer y était agitée, nous leur avons fait nos adieux avant d’aller nous abriter un peu plus haut. Morpion se trouve au Sud Ouest de Petit Saint Vincent, une petite île à la forme du réel Saint Vincent caribéen. En face se trouvait Petit Martinique, à une petite centaine de mètres seulement. Cette dernière ayant, elle, la forme de l’île française en version miniature, semble être une île d’habitation pour les locaux. De son côté, Petit Saint Vincent regroupe de magnifiques resorts sur toute sa superficie et aucun accès à la plage n’est possible sur l’île. Nous nous sommes mis au mouillage, à l’ancre, dans les fonds turquoise qui séparent les deux îles. Quelques bateaux de location nous entouraient mais le mouillage était tranquille et son cadre exceptionnel. Nous avons longé la baie en kayak et nous sommes baignés dans l’eau magnifique qui nous entourait jusqu’au coucher de soleil. Ensuite, dîner à bord pour écouler les stocks de nourriture, puis extinction des feux.


De Petit Saint Vincent à Cumberland

Pearly ancrée à Cumberland

Le matin suivant, j’ai préparé des crêpes pour le petit déjeuner que nous avons dégustées avec des fruits frais pour prendre des forces avant la navigation. Le temps était avec nous, puisqu’il faisait beau et que le vent nous poussait assez pour une arrivée prévue en fin d’après midi à Cumberland. Nous avons eu beaucoup de difficultés à avancer entre Savane Island et Bequia, puis entre cette dernière et Saint Vincent. Enfin, aux alentours de 17h, nous sommes arrivés dans la baie de Cumberland qui nous avait été fortement recommandée par d’autres navigateurs. Le mouillage était déjà bien rempli et il nous fut difficile de trouver une place pour Pearly. Comme le fond de la baie passait brutalement à une dizaine de mètres de profondeur, il nous fallut poser l’ancre à l’avant du bateau et mettre son arrière dos à la baie pour l’attacher avec un bout à un cocotier sur la plage. Ainsi, le bateau était immobile et la dérive ne pouvait toucher le fond rocailleux. Des Saint Vincentais sont venus nous aider à la rame dans nos manœuvres en échange de quelques dollars caribéens. Il nous a fallu en tout presque une heure et demi pour être enfin tranquilles avec le bateau solidement attaché dans la baie. Enfin, nous avons pu profiter du cadre exceptionnel qui nous entourait. Sur la plage de sable noir se tenaient deux petits restaurants qui avaient l’air fermés. Au dessus des habitations, une végétation d’une verdure impressionnante surplombait la baie et nous rappelait la Dominique. Nous avons dîné sur le bateau avant de réfléchir à l’organisation des deux jours restants sur Pearly et de nous endormir dans un grand calme.


De Cumberland à Cochon Bay

Une dorade on ne peut plus fraîche !

Le lendemain matin, j’ai préparé le déjeuner en même temps que le petit déjeuner pour avoir une casserole prête pour midi lors de la traversée. Nous visions Sainte Lucie en espérant arriver aussi haut que possible sur l’île afin de nous avancer un maximum vers la Martinique. Nous avons levé les voiles aux alentours de 9h après avoir décroché l’arrière du bateau du cocotier auquel il était attaché. Ensuite, nous avons lentement remonté la côte sous le vent de Saint Vincent avant d’emprunter le canal de Sainte Lucie. Le vent était plus fort que prévu et la navigation fut un peu pénible. Aux alentours de midi, nous avons commencé à déjeuner en voyant au loin les premières habitations de Sainte Lucie. Soudain, la ligne qui était à l’eau s’est mise à tirer et Arthur s’est rué dessus pour la remonter de l’eau. Une magnifique dorade coriphène d’environ 1m de long et 6 kg y avait mordu. Nous l’avons gardée à nos pieds le reste de la traversée jusqu’à Sainte Lucie. En y arrivant, des habitants locaux sont venus en kayak nous demander la tête et un filet de la grosse bête, que nous leur avons donné avec plaisir comme nous avions à manger pour des jours de cette grosse dorade. Je l’ai cuisinée à la poêle avec des cives et des légumes, et nous avons profité de ce bon dîner à bord avec les dernières bières fraîches qu’il nous restait.


De Cochon Bay au Marin

Pour notre dernier petit déjeuner sur Pearly, une crêpe party s’est imposée au lever du jour. Autour de nous, des pêcheurs Saint-Luciens avaient lâché leurs filets tandis que nous mangions et nous nous sommes retrouvés bloqués au milieu de leur sène. Après quelques manœuvres, nous avons réussi à en sortir grâce à leur aide, et avons pris le large en visant notre point de retour, la marina du Marin en Martinique. De nouveau comme lors de toutes nos remontées, nous avons eu un vent instable qui nous a compliqué la tâche pour maintenir notre cap. À environ une heure de l’arrivée, nous avons vu une baleine à bosse sauter devant nous. Un spectacle court mais incroyable pour une belle fin de voyage !

Pearly en bonne compgagnie

Une fois arrivés au Marin, la capitainerie nous a guidés vers la bouée qui attendait Pearly et nous y avons bien attaché le bateau pour la saison cyclonique à venir. Nous avons commencé le rangement et le ménage dans la cabine avant que le soleil ne se couche, puis nous avons profité des restes de poisson pour un dernier dîner sur notre petite Pearly.

Le jour de quitter le bateau était arrivé. Nous avons passé la matinée à finir le rangement, faire nos valises comme on le pouvait malgré le manque de place, puis à sécuriser Pearly pour les six mois où « elle » allait rester seule dans cette grande marina. Nous avons ensuite fait des lessives sur le quai tout en déjeunant en bord de mer, en attendant le taxi qui nous emmènerait chez notre amie Diane qui nous accueillait pour la nuit. Après une splendide soirée passée à Schoelcher en sa compagnie, nous avons profité d’une dernière nuit de sommeil avant le départ pour la métropole.

C’est là que se termine notre aventure dans les Caraïbes et que s’ouvre une nouvelle page, celle de la Polynésie que nous allons explorer au cours des cinq prochains mois. Nous sommes très heureux d’avoir vu que vous nous suiviez dans ce périple et vous promettons de beaux récits de voyage à l’autre bout de la planète !

Arthur et Anne-Sophie

2 commentaires sur « La remontée finale »

  1. 🤗🤗🤗👍👍👍bravo pour cette balade de 900milles menée parfaitement par un skipper au top et une équipière que je félicite de s être si bien et si rapidement adaptée à la navigation sur un bateau spartiate mais très performant … un vrai voilier pas un camping car 😘😘

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